Peyrehorade et repères religieux
Les desservants des églises de Peyrehorade
Nous citons ci-après les officiants que nous avons retrouvés au fil des recherches dans les archives. Il est donc évident que cette liste ne peut être considérée
comme complète et close.
Église paroissiale St Martin de Pardies à Igaâs
Du 21 décembre 1710 au 27 décembre 1728, c’est Jean LABORDE, curé et archiprêtre d’Orthe qui officie. Il est secondé des vicaires BELIN (1710), POINSENJEAN (1718), CASSOULET (1721), CARDESSE (1723), BRIVET (de 1725 à 1733).
St Martin de Pardies et Ste Catherine (succursale)
De Janvier 1728 au 15 mai 1778, Jean Baptiste DE LABORDE, curé et archiprêtre en 1773, docteur en théologie en 1748, veille sur les ouailles
peyrehoradaises. Durant cette période, de nombreux vicaires vont l’accompagner : DUMAS (1733), Pierre BLUSE (1737),
DARRIGRAND (1738), DUFOURCET (1745), D’AMBIELLE (1752), DUFOURCQ &
D’AMBIELLE (1752), LAJUS, cordelier desservant à Lahonce (1762), DUBOIS (1769), De
SIEST de Vios (1773), LARTIGAU (1774), BORDA (1776), BARITAT (1778).
Église paroissiale Ste Catherine, puis Église St Martin de Peyrehorade
Le 19 mai 1778, le prêtre MIREMONT est secondé des vicaires BARIAT et LASSERRE.
Le 30 septembre 1778, nous trouvons Marie Étienne François De SEGLA archiprêtre d’Orthe et les vicaires BORDA et
THOMA (1783), puis APAÇARENA (1784).
Le 16 septembre 1788, c’est Jean Érasme IZAUTE, curé et archiprêtre d’Orthe qui va refuser de prêter le serment civique dans la forme exigée avant de s’exiler en Espagne, en 1792. Durant cette période, nous trouvons les vicaires DISCAZAUX et DARRIGRAND (1788) puis PORTALIN et DUBEDOUT (1790). Ce dernier prête le même serment que son curé. Considéré comme “jureur”, affecté à la cure de Donzacq. Lui aussi va fuir en Espagne.
Le 4 mars 1792, le curé DULUCQ est desservant pour Caberne-Bidançon. JAURÉGUY est vicaire.
Du 8 juin 1792 au 4 octobre 1793
BÉROT-SANSON est “citoyen-prêtre-jureur”. JAURÉGUY est encore vicaire.
De 1803 à 1841, le curé doyen et archiprêtre d’Orthe est IZAUTE. Pendant cette période il est secondé des vicaires Antoine
LATAPIE (1827), Jean BROCA (1833), Barthélémy LARRIBEAU (1834), Pierre François SUPERVIELLE
(1835).
De 1841 à 1867, le service religieux est assuré par BARBE, chanoine.
De 1867 à 1877, c’est le chanoine Louis D’ORO DE PONTONX qui officie, secondé des vicaires Pierre LELIBON ( 1872) et
Jacques TONIA (1876).
De 1877 à 1893, Bernard DUBEDOUT est curé. Henri DARRIEUSSECQ (1881), Césaire DAUGÉ et
Alfred CABITOU, pour un temps abbé par intérim, l’aident dans son ministère.
De 1893 jusqu’en 1914, le Curé doyen Léon THIBERT officie à Peyrehorade. Son bulletin contribuera à pérenniser les chroniques locales. Il a pour vicaires Marcien DABADIE (1896), Jean Paul BIZEUL (1901)
et Émile COULOUMÈRE (1906).
Sur la photo ci-contre, l'Abbé Thibert avec une belle envolée de communiant(e)s de Peyrehorade.
De 1914 à 1943, c’est le curé doyen Julien DUBOIS qui assure cette charge et les tourments de deux guerres. Raphaël
LAMAIGNÈRE (1921) et Paul CARRIQUIRY (1931) sont vicaires sur cette même période.
De 1943 à 1947, Joseph BACHÉ est curé et DUCAMP, vicaire.
De 1947 à 1956, c’est au tour de Laurent MARSAN curé accompagné de SOTERAS, CAULE,
VINCENT, LALAGUE et DANGLADE se secondent.
De 1956 à 1961, Peyrehorade voit officier Gérard DUBOURDIEU, curé,
et DANGLADE et LABASTE
qui sont vicaires.
De 1964 à 1978, Jean LESCLAUZES est curé.
De 1978 à 1984, Michel LAULHÉ est curé de Peyrehorade.
De 1984 à 1996, Bernard DUBOURDIEU lui succède.
De 1996 à 2005, Guy LAFFITE est curé de la Paroise Notre Dame du Pays d’Orthe.
Pour un cierge de cire fine et un écu de six livres
Le 23 novembre 1772, Antoine III Henri Melchior, vicomte d’Orthe âgé de 49 ans, décède. Tous les curés de l’archiprêtré d’Orthe sont invités à
l’enterrement :
“J’ay l’honneur de vous informer de la mort de notre vicomte d’Orthe que nous venons de perdre dans ce moment . Le jour de
son enterrement est fixé à mercredy prochain, vingt cinq du courant à neuf heures du matin. Vous voudrez bien, Monsieur, avoir la bonté d’y assister, précédé du marguillier et croix haute de
votre paroisse.
J’ay l’honneur d’être avec respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Peyrehorade, le 23 novembre 1772
Signé Dautarribe(?)”
Jean Darrigrand, curé de St Étienne d’Orthe, utilise cet avis pour faire le compte rendu suivant qui figure dans les actes de décès de St Étienne
:
“Nous, curés de l’archiprêtré d’Orthe assistames tous à l’enterrement de Monsieur le vicomte d’Orthe le 25 novembre 1772.
L’offrande qui fut faite à chacun de nous, curés, consistait en un cierge de cire fine d’une livre trois quarts, auquel était attaché un écu de six livres, c’est ce qui nous est dû pour assister
à l’enterrement des chefs de la maison d’Orthe.
À St Étienne d’Orthe le 26 novembre 1772."
L'Église Saint Martin
Depuis au moins le XIe siècle et jusqu’à la fin du XVIIIe, où la période révolutionnaire va en marquer le déclin, c’est l’église Saint Martin de Pardies, siège de la paroisse d’Igàas, qui sert de lieu de culte.
Bien que reconstruite au cours du XVIIIe siècle après un incendie, elle menace à nouveau ruine. Même si le cimetière qui la jouxte continue à servir, elle est petit à petit délaissée.
La chapelle castrale Sainte Catherine qui dépend du château de plaine des vicomtes d’Orthe et auprès duquel elle a été construite, est largement utilisée, à proximité immédiate de la ville qui se développe. Pourtant, dès 1784, le conseil municipal envisage la construction d’une nouvelle église.
C’est le projet de construction du pont de Peyrehorade en remplacement de l’ancien bac pour traverser les Gaves réunis qui va précipiter
les choses, en 1834. La position de la chapelle, au droit de l’emprise du pont, va impliquer sa démolition.
En mai 1836, BONNEFOY lève le plan du Clos Darroyat, au pied de colline d’Aspremont qui a été choisi pour l’implantation
de la future église. Jean Marie de SILGUY, ingénieur des Ponts et Chaussées, après avoir dressé les plans du pont, établit un premier projet de style néo classique qui n’est pas
retenu. En 1844, le conseil municipal décide de mettre en concours le plan et le devis de la nouvelle église. En janvier 1845, le célèbre sculpteur Didron consulté, conseille
d’adopter le style gothique plutôt que le style grec ou romain. Le 7 mai suivant, un projet de Jules SIBIEN, de Mont de Marsan, n’est pas non plus, retenu.
Le 20 avril 1846, le Conseil de Fabrique demande des plans à Hyppolyte DURAN, architecte à Moulins. Ces plans seront
approuvés en 1847 par le Conseil de Fabrique et par le Conseil municipal, mais des modifications en seront demandées en 1849, par la Commission des Édifices religieux. Le 10 avril 1850 un second
projet de DURAN, architecte des diocèses de Bayonne, Tarbes et Auch, associé à GUICHENNÉ, son associé à Bayonne, est établi et envoyé le 28 juin, au Ministère de l’Intérieur. Une
nouvelle demande de modifications va aboutir à un troisième projet du 28 juin 1851 qui sera approuvé par la Commission des édifices religieux, en janvier 1852.
En novembre 1852, l’acte d’achat de l’Enclos Darroyat est signé. Le mois suivant, les travaux de construction son adjugés à l’entreprise landaise CAZENAVE de Momuy. La réception définitive des travaux se fera en 1857. Entre-temps, des modifications substantielles sont intervenues : le clocher qui se trouvait en avant de la façade sur le plan, se retrouve englobé dans le corps de l’édifice et occupe la première travée du vaisseau central ; la première travée droite du chœur a été remplacée par une travée de nef. Les absides de bas-côtés sont désormais à trois pas et l’abside principale, plus saillante, est maintenant à cinq pans.
Les Vitraux de l'Église Saint Martin
Pour financer la construction de l'église, la commune de Peyrehorade a vendu aux enchères 400 hectares de terrains communaux. Mais la somme rapportée par cette vente ne permet pas d'envisager l'exécution des 38 vitraux que va comporter l'édifice. Leur mise en place va s'échelonner dans le temps, en plusieurs tranches. Dans un premier temps, pour obturer le ouvertures, un premier marché est établi pour mettre en place une "vitrerie en verre blanc, monté sur lames de plomb étirié mis en place dans la forme XIIIe siècle, la soudure et toute fourniture comprise."
Entre 1853 et 1883, diverses dotation de la commune au Conseil de Fabrique accompagnées de quelques donations privées dont celle d'Élisabeth Soulé, décédée en 1854, vont permettre de doter l'église St Martin de de ses vitraux tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Le détail de cette mise en place, notamment par l'atelier Goussard de Condom, a été largement développé dans le numéro 9 de la revue Orthenses.
Mobilier et Décoration
Les STATUES
Comme on peut le constater plus haut, sur une photographie datant de la dernière décennie du XIXe siècle, cinq statues sont placées sur des culots , au centre de chacun des cinq pans du chœur, devant des niches peintes en trompe-l'œil. De ce groupe, il ne reste aujourd'hui que quatre personnages (la cinquième statue a disparu) dont deux encadrent l'intérieur de la porte d'accès de l'église.
Elles représentent respectivement, Saint Martin, sous le patronnage duquel l'église est placée, evêque, Saint Vincent de Paul donnant
du pain à un enfant (ci-dessus)
Deux autres représentent
Notre Dame du Sacré Cœur
et Saint Joseph.
(ci-contre)
Inauguration des Orgues
C'est en 1905 que l'église de Peyrehorade est dotée d'un orgue. Écoutons l'Abbé Thibert qui nous relate ici cette inauguration dans le bulletin paroissial de l'époque.
a cérémonie était annoncée pour trois heures du soir. Il n’était pas deux heures que déjà les fidèles de Peyrehorade envahissaient l’église. Ils craignaient d’être
devancés par des étrangers qui arrivaient de Sorde, de Hastingues et d’Œyre-Gave et les autres paroisses du doyenné. La grande nef, les bas-côtés, les chapelles, tout est comble. On remplit le
chœur et l’abside. La foule déborde sur la plateforme et jusqu’au perron. Que va-t-il résulter de cette cohue te de cet entassements ? On pourrait craindre la dissipation et le désordre. Pas du
tout. On a pu constater que les paroissiens de Peyrehorade on au plus haut degré le sentiment des convenances et le plus grand respect pour le lieu saint. Pendant deux heures, c’est-à-dire tout
le temps de la cérémonie, la foule a gardé le plus rigoureux silence et le plus pieux recueillement. Il n’est pas jusqu’aux enfants qui n’aient mérité les plus grands éloges. N’étant
pas surveillés, ils risquaient de s’oublier peu ou beaucoup. Ils ont donné l’exemple très méritoire pour eux, de la bonne tenue et d’une muette admiration.
L’orgue n’est pas un instrument profane. Destiné à rehausser l’éclat des cérémonies religieuses, il réclame, comme les cloches dont il est l’émule harmonieux, une spéciale bénédiction. On arrive en processions jusqu’à la porte du clocher. Les prêtres seuls gravissent les marches étroites de l’escalier tournant ; ils atteignent à la tribune ; les voici devant l’orgue silencieux. Le curé de la paroisse chante les versets et l’oraison liturgiques ; ensuite, pour obéir au précepte “pulsantur organa”, il applique au hasard ses mains maladroites sur le clavier qui glapit douloureusement. Ces sons criards, heureusement très vite interrompus, auraient mal impressionné l’assistance, si elle ne savait par expérience que la voix qui bénit n’est pas toujours aidée par un doigté savant. Aussitôt, l’organiste presse délicatement les touches dociles. Des sons timides se détachent et s’envolent ; puis des sons plus mâles, et puis des sons éclatants, qui peu à peu s’apaisent et semblent s’éteindre pour s’exalter encore, et résonner harmonieusement. L’orgue a chanté pour la première fois ; sa voix est moëlleuse et forte ; elle est éloquente, elle saisit, elle transporte.
[…] L’orgue a compris l’invitation. Sa voix monte comme le chant de l’alouette qui s’élance des guérets dans l’espace et qui va toujours chantant dans l’azur. C’est
la respiration d’une âme innocente qui voudrait s’offrir à Dieu et qui n’ose : elle est si peu de chose devant Lui. Elle s’offre pourtant attirée par les attraits d’une grâce invisible. La voix
de l’orgue devient plus ferme et plus vibrante pour chanter sa reconnaissance.
[…] L’Offertoire en mi majeur est suivi d’une méditation. Car l’orgue a une âme aussi, une âme qui médite et qui prie. Sous les doigts de l’artiste, il vibre, il
sent, il chante la poésie de son âme. C’est pur et limpide comme un lever d’aurore, comme le gazouillement des oiseaux qui s’éveillent dans les pêchers en fleurs et qui disent à leur manière leur
prière d’adoration.
[…] Mais que dire de la symphonie demi-religieuse et demi-sauvage ? Que dire de ces ouragans qui se forment avec fracas dans les flancs de l’orgue exalté ? On
croirait entendre les mugissements des vents du Nord dans les sombres pignadars de la haute lande, le fracas de la foudre qui éclate avec saccades et les grondements sourds de l’Océan.
[…]
Abbé J.B.L. THIBERT
Bulletin paroissial - 1905
Croix et Processions
e beau temps a favorisé les processions si pittoresques des rogations. Les croix étaient ornées avec autant de goût que de richesse. Il faudrait consacrer un article à chacune d’elles. L’exiguité du Bulletin paroissial ne le permet pas : quelques mots seulement.
La croix de Pardies est vêtue de mousse et chargée de roses. Des guirlandes courent autour d’un véritable parterre. Quatre colombes sont perchées sur les bras de la croix et sur les colonnettes. Elles disent la paix et l’espérance.
( Tronquée, amputée des éléments qui faisaient sa majesté, elle avait le défaut insigne de trôner à la croisée des chemins. Dans la seconde moitié du XXe siècle, elle est sacrifiée à l'effort d'industrialisation de Peyrehorade dans la mondialisation. Qui se souvient encore que ses pauvres restes campent aujourd'hui sur ce qui fut le dépotoir d'ordures de Peyrehorade ?…)
La croix de Lembarry est gracieuse : quel luxe de marguerites blanches ! Les marguerites sourient aux roses ; et la vierge en extase sourit au pied de la croix.
La croix de la gare est non moins gracieuse. Des géraniums lui font une jolie avenue. Et des pensées larges et vastes ouvrent leurs grands yeux pour
regarder la croix.
Si la première s'est un peu éloignée de la rue du même nom, la seconde semble avoir disparu… Il n'en reste que cette mauvaise photo
des années 1970.
La croix de l’Hospice est vouée aux myosotis. Sur l’autel dressé devant elle, les myosotis contemplent les roses et les roses admirent les myosotis.
La croix du Fils du Moulié offre une longue avenue d’ormes auxquels pendent des roses, des boules de neige, des lilas. Elle étend ses longs bras chargés de roses, pourpres comme le sang du Sauveur.
Au sommet de la colline d'Aspremont, directement au débouché supérieur du sentier en lacets qui démarre derrière l'église, un oratoire dédié à la Vierge des apparitions de Lourdes en 1858, est érigé en 1877.
Une demande du curé doyen M. De Pontonx a été acceptée à l'unanimité par le conseil municipal du Maire Henri GARAY. Surplombant le bourg en contrebas, un épais socle de rocaille est surmonté d'une petite grotte abritant une statue de la Vierge en terre cuite.
En 1901, une représentation du Calvaire est installée à une cinquantaine de mètres à l'Ouest sur la même crête de la colline.
Présence de la religion
L'empreinte religieuse est très présente dans une région essentiellement rurale jusqu'au milieu du XXe siècle. Elles sont très rares les fermes et les maisons dont chaque chambre n'est pas dotée du bénitier rempli de l'eau qui a été bénie à Lourdes, permettant d'introduire la prière du soir.
De la même façon, un brin du laurier béni lors de la fête des Rameaux ( beaucoup plus commun ici que le buis traditionnellement affecté à cette mission ) orne chaque pièce de la maison - et même l'étable ! - apportant sa protection.
Des vertus poussées dans des limites incertaines ( et dont il n'est pas sûr qu'elles soient dans la ligne du dogme ) qui tendraient à faire croire que brûler une branche de laurier bénit éloigne l'orage ou guérisse quelque maladie, préserve de l'accident…
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