À Cauneille, le Pont de La Coudette
'accès à l'abbaye de Sorde par l'Ouest implique de traverser le Gave de Pau avant sa confluence avec le Gave d'Oloron. Jusque dans la première moitié du XIXe siècle, ce passage de l'eau est assuré par un bac. Un premier pont suspendu est alors construit à cette époque. Après de longues décennies de bons et loyaux services, il sera remplacé par l'actuel "Pont de la Coudette" dont la construction, décidée juste avant la Seconde Guerre mondiale, se poursuivra pendant celle-ci.
Il existe un véritable florilège des cartes postales du début du XXe siècle qui trouvent dans ce pont particulier un sujet de prédilection. Toutes, pourtant s'évertuent à qualifier ce pont comme "peyrehoradais". Mais il faut rendre à Cauneille ce qui appartient à Cauneille. Car c'est bien sur le territoire de cette commune qui s'etend sur les deux rives du Gave de Pau, que sont construits l'ancien et le nouveau pont…
Le Premier Pont de La Coudette
C’est un entrepreneur parisien, Bayard de la Vingtrie qui entreprend la construction du premier pont suspendu du lieu dit de La Coudette. L’ouvrage est mis en service le premier décembre 1839. Comme le bac qu’il remplace pour traverser le Gave de Pau, un droit de péage est accordé au constructeur qui va perdurer jusqu’en 1866. Mais les câbles d’acier de retenue, ancrés dans des massifs de maçonnerie sont pratiquement inaccessibles et ils s’oxydent rapidement.
Avec une charge maximale de seulement 200 kg par m2 et constituant un ensemble trop léger, trop facilement déformable, avec une forte prise au vent, le pont fait l’objet d’une circulaire du 30 septembre 1846 après une visite annuelle pour prévenir les accidents, mettant en demeure Bayard de la Vingtrie devenu concessionnaire, d’effectuer des réparations et des renforcements. Ces mises en demeure vont se renouveler de façon quasi continuelle et le le pont, bon an, mal an, va résister en l’état jusqu’au début du XXe siècle.
Le 2 octobre 1900 des travaux sont enfin entrepris par François Chambre et Isidore Sallenave, entrepreneurs de Peyrehorade, sous la férule de Ferdinand Arnodin (1845-1924) qui fait procéder notamment au remplacement des anciens câbles à fils parallèles par des câbles à tosions alternatives. Du béton armé est utilisé pour le support des chaussées.
Cela va donner un sursis jusqu’à la fin des années 1930 à ce pont qui n’est pas pour autant exonéré de règles strictes pour son franchissement : “Défense de trotter sur le pont et d’y faire passer à la fois deux voitures”.
L'histoire ne dit pas si les piétons ont le droit d'éternuer…
Un Champion du Monde
Le nouveau pont de La Coudette a été construit entre 1938 et 1943, par l'entreprise Boussiron et sa conception revient à l'ingénieur Nicolas Esquillan. Ce pont est de type “bow-string” à liaisons triangulées (mot anglais désignant couramment l'arc auto ancré : poutre de grandes dimensions, métallique ou en béton arme, composée d'une membrure supérieure en arc et d'une membrure horizontale tendue, reliées par des aiguilles ou montants ; ce type de poutre ne transmet que des actions verticales sur les appuis).
Il est construit au dessus du Gave de Pau, légèrement en amont de son confluent avec le Gave d’Oloron.
L'ouvrage est constitué de deux arcs à tirants de 111 mètres de portée et 17 mètres de flèche, contreventés par deux pièces de pont sous le tablier aux extrémités et par quatre ensembles d'entretoises au-dessus.
Le concepteur du pont, Nicolas Esquillan va obtenir son second (sur six) record du monde de "bow-string" avec cet ouvrage d’art. C’est l’un de ses trois ponts en Aquitaine avec St Sylvestre sur Lot et Clairac, ces deux derniers en Lot & Garonne.
Les travaux de construction du pont de La Coudette, ont débuté en novembre 1938, sous la responsabilité des Ponts & Chaussées du
département des Landes. Ils ont été obtenus par la “Société des Entreprises Boussiron”, 10 boulevard des Batignolles à Paris. Son fondateur, Simon Boussiron (1873-1958), ingénieur des Arts
et Métiers, ancien collaborateur de Gustave Eiffel, fut l’un des pionniers des structures en béton armé. Il est à ce moment entouré d’ingénieurs plus jeunes qui font progresser
les techniques de l’entreprise, comme Nicolas Esquillan. Le 1er octobre 1939 ils sont interrompus par la guerre.
Ci-dessus, un croquis inédit exécuté par René Roch, peintre de Sorde l’Abbaye qui avait participé aux travaux de construction du pont de la Coudette dans les années 1940, un ouvrage considéré comme stratégique par l’occupant allemand et que le Maréchal Rommel lui-même – dit-on – vint visiter en 1943, lors de son inspection en Aquitaine, du Mur de l'Atlantique. Cet ouvrage, en prise directe sur l’histoire récente, mérite toute notre attention aujourd’hui, témoin muet lui aussi d’une période où il valait mieux ne pas être prolixe !
Mais les travaux vont reprendre très vite malgré les difficultés créées pour obtenir des autorisations de l’occupant allemand et aussi par les difficultés d’approvisionnement des matériaux nécessaires en ces temps de restrictions. Il en est ainsi par exemple, pour l’approvisionnement en sapins des Vosges destinés à soutenir la structure du tablier.
Ci-dessus, les câbles porteurs de l'ancien pont subsitent encore en amont du pont nouveau.
Tout cela va faire rapidement grimper le devis initial et la facture finale s’élèvera à trois millions de francs de l’époque, soit six fois le budget annuel de la commune de Peyrehorade avant la guerre.
Au bout de trois années de travaux, les 450 tonnes de béton nécessaire à sa construction son coulées entre février et mai 1943. L’épreuve de résistance est effectuée les 28 et 29 juin de la même année. Et la destruction de l’ancien pont est entamée le 18 août, mettant fin à un siècle de présence familière.
Depuis, nous nous sommes habitués à la nouvelle arche, son apparente légéreté et pourtant son impression de force.
Certainement pour longtemps.
RETROUVEZ L'HISTOIRE DES PONTS DE LA COUDETTE…
dans "Mémoire du Pays d'Orthe - Laha, le Bon Génie Orthois"
- dans le numéro 7 de la revue semestrielle ORTHENSES
et sur la page de ce site consacrée à CAUNEILLE, d'autres images.
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