‘est par un premier refus que commence l’histoire du premier pont de Peyrehorade. Au motif que situé “à l’extrémité Est du nouveau port, le pont se trouverait […] propre par son isolement à encourager la malveillance […] “ et occasionnerait des détours inutiles. Il faut se souvenir en effet, qu’au début du XIXe siècle, le port de Peyrehorade est situé dans une anse qui s’étend directement depuis l’amont du château, sur l’emplacement connu actuellement comme place du Sablot. Un large banc de sable sépare cette anse du lit des Gaves qui fait alors une large courbe vers le sud.
Déjà, en 1824 au Conseil municipal de Peyrehorade…
Un membre a demandé la parole et a dit que depuis assez longtemps on réclamait généralement la formation d'un pont pour le passage de la rivière du Gave ; qu'il
semblerait aujourd'hui que cette réclamation devrait être accueillie par les facilités qu'offrait cette construction, au moyen des ouvrages exécutés à notre port, qu'un semblable établissement
deviendrait infiniment utile et avantageux, non seulement à notre ville mais encore à toute la partie du département des Basses-Pyrénées située sur la rive gauche de cette rivière et plus
particulièrement à tout le pays basque qui a des relations de commerce avec Peyrehorade, Dax et autres lieux environnants, qu'une autre considération devrait encore déterminer cette construction
par les facilités qu'on aurait à se procurer les fonds nécessaires pour ces travaux en profitant du produit du droit de tonage* déjà établi pour la construction du port et dont ce pont doit
nécessairement faire partie et encore au moyen d'un péage que l'on y établirait ; qu'avec ces ressources, il est évident qu'on pourrait entreprendre ces ouvrages et que cet établissement une fois
terminé, la ville de Peyrehorade et tout le pays qui l'avoisine, qui fréquente ses marchés ou qui enfin, ont avec elle des rapports d'intérêt, en retirerait des avantages inappréciables et
infinis.
Il demande en conséquence au conseil de vouloir bien s'occuper de la proposition qu'il vient de faire.
Sur quoi, le conseil délibérant et reconnaissant toute l'importance de l'établissement proposé ainsi que toute l'utilité et la commodité qui
en résulterait pour notre ville, de même que pour une grande partie du département des Basses-Pyrénées, notamment le pays basque, a délibéré qu'il serait demandé à M. le Préfet de vouloir bien
prendre des mesures pour que la construction de ce pont puisse avoir lieu au moyen des ressources que présente le revenu du droit de tonages déjà établi, et ensuite d'un droit de péage qui serait
demandé au gouvernement, que M. le Préfet serait prié de soumettre la demande du conseil à M. l'ingénieur en chef du département avec invitation de vouloir bien s'occuper de la rédaction des
plans et devis des ouvrages nécessaires pour la formation de ce pont, généralement désiré par le public, et qu'enfin, les travaux puissent se commencer immédiatement après la confection du port
dont les travaux sont, on ne sait pourquoi, à peu près suspendus depuis un an, que pour faire cesser cet état de choses, le conseil arrête de prier M. le Préfet de vouloir bien prendre des
mesures pour ordonner aux entrepreneurs de reprendre leurs travaux afin de les voir terminer dans le plus bref délai possible comme ils y sont tenus d'après les conditions de leur
adjudication dont le terme était fixé au […]
Délibération du 2 mai 1824
Le premier pont de bois 1832-1913
Mais la construction du quai du Roc en aval va permettre aux maîtres de bateaux de s’y installer progressivement à partir de 1825 et d’en faire le nouveau port de Peyrehorade. L’objection d’un pont obstacle à la navigation s’il est situé en aval du port, tombe.
Et le conseil municipal en date du 18 novembre 1832, prend enfin une décision car “l’autorité supérieure se propose d’établir un pont sur les gaves réunis en remplacement du bac”.
Il est intéressant d’en écouter les motivations : “[…] là où le service du bac se fait […] les allans et les venans n’auraient pas de détours à faire pour passer la rivière […]. Bien qu’en aval du nouveau port ( et en supposant que ce port soit enfin rendu marchand!), le pont se trouverait placé en amont des cales d’abordage construites et utilisées depuis longtemps par les maîtres de bateaux, auxquelles cales les embarcations pourraient encore être amarrées […] dans les temps difficiles. Le pont porterait du côté nord vers le point d’intersection avec la grand’route […] son aspect serait là d’un très beau relief pour la ville […] sa présence et son utilisation exigent la démolition de la chapelle adjacente servant d’église [Ste Catherine] l’exiguïté de ladite chapelle et surtout sa figure gothique, hétéroclite à l’extérieur, réclament depuis longtemps qu’elle soit démolie.”
Constitué de onze pilotis sur enrochements constitués d’une armature bois qui supportent un tablier aussi de bois, sa construction a nécessité l’adoption de trois
autres délibérations du Conseil municipal en date des 28 juillet 1833, 30 avril et 23 mai 1834. Quatre jours après cette dernière, le 27 mai, l’adjudication pour l’exécution des travaux est
accordée aux sieurs Dangoumeau et Couderc. Le cahier des charges a été établi le 15 avril 1834 par l’Ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées du département des Landes. Quelques rectifications y sont apportées le 28 septembre suivant.
Pour la réalisation, une somme de trois mille francs est votée par le Conseil municipal qui vient compléter la subvention de vingt cinq mille francs que doit verser l’État, et la concession d’un péage pendant quarante-cinq ans au profit de l’entreprise Dangoumeau et Couderc. Les tarifs de ce péage sont déterminés par une Ordonnance du roi Louis Philippe en date du 31 décembre 1834.
En 1865, le pont commence à donner des signes de faiblesse. En 1868, il faut aussi “faire disparaître l’échoppe de marchande de fruits nouvellement établie au
nord du logement du charpentier du pont” !
Les registres d'état-civil de Peyrehorade nous apprennent qu'en 1870, c'est Gratien Séverin FERRÉ qui est fermier du péage du pont. Ce qui ne
l'empêche pas, à plus de 55 ans cette année-là, d'assister à la naissance de Jeanne Prospérine, le quatrième enfant qu'il a avec Anne MAISONNAVE son épouse.
Très vite, en 1888, le Conseil général estime que le service vicinal doit étudier l’idée de sa reconstruction.
Le second Pont 1917-1984
Après divers atermoiements, le futur ouvrage est précisé en 1912. Il s'agira d'un pont à poutres droites en béton armé, de 132 mètres de longueur comportant neuf travées de 14 m d’ouverture libre chacune.
Une passerelle provisoire de 157,85 m de long sera construite pour assurer le passage pendant la durée des travaux. MM. Ducasse et
Téchené en obtiennent l’adjudication.
En 1912, la tire des bateaux est interdite sur le vieux pont. Le bulletin paroissial de 1913 nous apprend que “l’on construit en ce moment le nouveau pont. Mais
avant d’achever la destruction du vieux, on a construit une passerelle pour la commodité des Œyrots et des Peyrehoradais”. En 1913, les entrepreneurs sont autorisés à utiliser des explosifs
(cheddite) pour dérocher les piles de l’ancien pont.
Mais en mars 1914, les crues du Gave gênent l’exécution des travaux. mais il va y avoir pire encore : au début du mois d’août, les travaux sont abandonnés pour cause de mobilisation. C’est la Grande Guerre !. Le 21 septembre 1916, M. Téchené résilie son contrat suite au décès de son associé. Une nouvelle adjudication attribue les travaux à Gabriel Sabatié.
Les travaux vont reprendre, auxquels participeront des prisonniers allemands qui sont logés dans la maison Matabos qui a été rachetée avant la guerre par la commune pour être démolie, devant permettre la construction de la future école en haut de la place Nauton Truquez ( délibérations ci-contre ).
Si l’histoire est souvent ironique, elle peu aussi être cruelle. Moins de quinze ans après que le pont ait été achevé grâce en partie, à cette main d’œuvre allemande, pendant le premier conflit mondial, les soldats allemands vont à nouveau le faire résonner du bruit de leurs bottes. Mais c’est en force occupante cette fois qu’ils prennent des clichés de leurs défilés sur le pont de Peyrehorade !
Pendant soixante dix ans, ce second ouvrage va faire face aux assauts parfois violents des eaux des Gaves. Bien que sa largeur ne se trouve rapidement insuffisante pour faire face à l’augmentation de la circulation, des générations de pêcheurs se souviennent de parties de pêche, aujourd’hui interdites, qui se déroulaient directement à partir des trottoirs qui encadraient le tablier.
Le Pont actuel depuis 1985
Construit en béton-métal, ce dernier pont ne comporte plus que deux piles “double-corps”. Comme pour son prédécesseur, une passerelle provisoire fut établie en se servant des piles de l’ancien pont du tramway qui devait desservir la ligne Peyrehorade-Cambo.
À noter que le tablier de ce dernier pont ne fut jamais posé et qu’il n’aura donc servi qu’à ces deux occasions.
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