La Pêche & les Pêcheurs ( 10 )

endant toute son Histoire, l'Homme a été pêcheur. Cette activité de prélèvement sur le milieu naturel, tout au long des siècles, a été guidée par le souci de subsistance. Tous les moyens mis en œuvre pour traquer et capturer le poisson visent à s'en emparer pour sa transformation en nourriture. Il faut arriver au début du XXe siècle pour que se développe une approche différente de la pêche qui va se transformer en activité de loisir. Le but reste quand même un prélèvement raisonné de la faune piscicole qui privilégie les espèces dites "nobles" ( migrateurs et carnassiers ).

Le droit de pêche appartient à l'État dans la plupart des eaux et notamment celles du domaine public. La naissance des sociétés de pêche, chargées au début de gérer l'abondance de cette faune - et donc, des réempoissonnements - correspond à ce tournant de l'approche de la pêche.

La pêche, illustration

signée Bouchet Penxit,

premier peintre du Roi,

XVIIIe siècle

Nous avons vu dans le chapitre consacré au "Baro" que leur déclin a été en partie accéléré par l'apparition de nouvelles formes de pêche. Mais écoutons ce que nous en dit Jean Claude BOUCHET dans son "Histoire de la pêche au saumon dans l'Adour, les Gaves et la Bidassoa":

"Fustigés de toutes parts, les propriétaires de baros doivent faire face à un nouveau groupe de pression : les pêcheurs à la ligne. La mode de ce loisir est lancée après 1914 par la colonie étrangère réunie à Pau autour de l'Américain Eustache BARRON. Mais pour que ces sportsmen richissimes continuent à taquiner le saumon - et à dépenser leur fortune - sur les bords des gaves plutôt qu'en Écosse ou en Norvège, il faut à tout prix préserver la ressource. Aussi, les municipalités locales entrent-elles en croisade contre les "moulins à poisson". Et finalement, c'est le lobby des pêcheurs à la ligne qui remportera la guerre des baros.

Ci-dessus, pêcheurs sportifs dans le Gave d'Aspe qui traverse Oloron Ste Marie.

Ci-Contre, La Canne à Pêche - Gravure sur bois de 1890 - Anonyme.

En 1920, le Cercle anglais de Pau réussit à obtenir la gestion des gaves et y interdit toutes les machines à pêcher. Les baros sont définitivement supprimés six ans plus tard.

Mais […] les baros ne sont pas les seuls responsables de la raréfaction des saumons dans les Gaves et l'Adour. En effet, vers 1880, un baro pêchait de cinquante à trois cents saumons par an, ce qui équivaut à la ponction de certains sportsmen des années trente."

  Dès les premiers beaux jours et même très avant dans l'automne, les parties de pêche dominicales restent, pour beaucoup, un loisir simple et parfaitement abordable qui ouvre la possibilité de parties en famille ou entre amis, agrémentées d'un pique-nique (copieux, tout de même !) partagé sur les lieux.

Accessoirement, elle permettront, selon la saison, de déguster un brochet emmailloté au vin blanc, quelques perches zébrées et délicieuses, un plat de gardons frits à l'ail après avoir été pris au blé, lui-même cuit au fenouil… Pris dans les herbiers, bien sûr!