Jean RAMEAU, poète en Orthe
e son vrai nom Laurent LABAIGT, ( éthymologiquement " qui vient de la vallée" ), celui qui prendra plus tard le nom de lettres de Jean RAMEAU, voit le jour le 19 février 1858 à Gaâs, à la ferme des Camins (Chemins) où ses parents, Jean Justin LABAIGT et Catherine Sophie BOURRETÈRE, sont agriculteurs.
Il est l'aîné des trois enfants qu'aura le couple.
Comme tous les jeunes, il est attiré par Paris où, après ses études, il va aller cueillir ses premiers lauriers en littérature.
" Pourquoi donc ai-je pris ce nom-là ?
Jean Rameau ?
C'est parce que je t'aime, ô forêt innombrable "
Cet engouement pour la nature va justement inspirer l’ensemble du recueil de poésies qui porte ce nom, en 1891.
Mais il devient la cible de certains critiques, dont Raoul Ponchon dans “Le Courrier Français” :
“Ne touchez pas à la nature,
Elle appartient à Jean Rameau.
N’avez-vous pas lu l’Ecriture ?
Ne touchez pas à la nature.
La nature est sa géniture,
Sachez qu’il la créa d’un mot.
Ne touchez pas à la nature,
Elle appartient à Jean Rameau.
[…]
Il la garantit sur facture,
Puis en prose aussi bien qu’en vers
Il la mit en littérature
Qu’il nous garantit sur facture.
Littérature, confiture
De lauriers bleus et d’œillets verts!
Il nous garantit sur facture
Sa nature en prose et en vers.”
"Je vous écris…"
Non ! N'allez pas croire que Jean Rameau écrivait déjà à la revue "Orthenses" !
Mais de nombreux courriers rapides (et souvent énigmatiques quant à leur but ou à leur destinataire précis) continuent à réapparaître de façon régulière au grand jour. Pour le plus grand bonheur des collectionneurs.
Le travail de critique et de chronique assuré par Jean Rameau se prête à la multiplication de ces billets.
Il faut remarquer aussi, comme dans les deux exemples présentés ici, que son pays natal reste pour l'écrivain omniprésent dans chacune de ses missives comme un lieu de repos où l'on vient se ressourcer… en oubliant le travail à Paris.
Cette carte postale dont on ne connaît ni la date précise à laquelle elle a été écrite (sinon que c'est après 1910) ni à qui elle est adressée, n'en comporte pas moins, au travers de cette phrase sybilline, matière à une foule de suppositions. Quand on sait que Jean Rameau fut membre du club des Hydropathes (ceux que l'eau rend malades), les mots de "déluge" et cette carte de l'inondation de Paris ne doivent que stigmatiser bien des motifs de "rechute" ! Et bien sûr, les questions restent pleines et entières en ce qui concerne cette "colombe" et ce "Rameau encore vert" (il n'a que 52 ans en 1910) ou… "au vert" ( Il a déjà 52 ans).
De la même veine, mais avec un texte qui nous est plus compréhensible, cette carte éditée à partir du texte de Jean Rameau :
"Voix de la comète qui passe : Que de vin ! que de vin !…"
Ce texte fait référence - avec l'humour hydropathe - au passage d'une comète, le 12 janvier 1910 avant que l'inondation centennale du 28 du même mois ne submerge Paris.
Le Pourtaou
C'est en 1898, alors qu'il connaît dans la capitale un succès avéré, que Jean Rameau achète une ferme sur la commune de Cauneille pour la transformer progressivement en un véritable musée qui va évoluer au gré de son imagination.
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"Feuillets Glanés - Poésies inédites"
Librairie de l'Art 1887
Avec l'aimable autorisation
de Paule ADAMY &
Alain BARBIER STE MARIE
http://freresgoncourt.free.fr/
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L' aménagement intérieur, composé à partir de pièces de mobilier et d' oeuvres d'art ayant leur valeur propre, ainsi que de peintures et de sculptures de Jean Rameau lui-même, est une oeuvre artistique en soi. Jean Rameau aménage également l'extérieur: il effectue de nombreuses plantations et réalise la construction d'un kiosque et d'une pergola, de même que la décoration de nombre de sculptures personnelles.
De grandes pièces vont servir notamment à abriter le "Salon des Poètes" :
"Sur des colonnes, entre des baies à plein cintre dispensant la lumière, sont érigé les bustes de Cervantès, Dante, Hugo, Shakespeare, selon un dispositif identique à celui des jardins camboards. L’entrée de la librairie aux dix mille volumes estt défendue par une porte cloisonnée, versicolore comme une enluminure ancienne : la porte des Empereurs. [...] Au milieu d’une salle imposante, éclairée par vingt ouvertures, dont neuf dédiées aux Muses, se dresse, porté par de rouges piliers, un fronton triangulaire où la fantaisie du poète asculpté un amusant modelage en relief... Ce fronton constitue la porte de la Gloire. Celle-ci, entre l’Arc de Triomphe et le Panthéon, est symbolisée par une femme nue, distribuant des couronnes vers lesquelles se tendent des mains vides, brandissant tous les attributs qu’honore le monde.»
"Cauneille, gave bleu, bon vin, vue charmante,
Sur un tuc, le Pourtaou: antiquailles et fleurs
Au bois, merles, pinsons, hibou... Écoute-les !
Et, plus fort qu'un hibou, le Poète y chante !"
Le POURTAOU
Jean Rameau achète en 1899 la ferme
du Pourtaou à Cauneille proche de son lieu de naissance.
Cette demeure a été transformée, façonnée et décorée au gré de sa fantaisie.
On trouvera plus d'images et d'informations auprès des Amis de Jean Rameau sur le site qui présente la restauration de la roseraie selon les plans d'origine du poète.
De même, un long article du numéro 28 de l'été 2016 de la revue Orthenses présente cette roseraie
La Gloriette
Destinée à devenir son mausolée, la Gloriette que Jean Rameau entreprend de faire construire en 1928, est édifiée sur une hauteur du sud de la propriété du Pourtaou, un lieu que la carte de Cassini désigne sous le vocable de "Piramide".
Le maçon, Jean Baptiste Adrillon, de Cagnotte et le charpentier Louis Dufourcq, de Gaâs, sont chargés de cette construction, alors que Jean Rameau lui-même va mettre en pratique ses talents de sculpteur et façonner les quatorze têtes allégoriques - sept sages et sept folles - surmontant chacune des colonnes qui soutiennent le balcon ceinturant le troisième niveau. Ce troisième niveau sur lequel est posée la coupole qui chapeaute l'édifice.
La Gloriette est une tour de plan circulaire de trois étages. La coupole supérieure est surmontée d'une lyre portant les initiales "JR". Entre les chapiteaux de colonnes du second niveau, sont placées quatorze sculptures représentant quatorze têtes de tigres formant gargouilles.
Le bâtiment est saccagé par les Allemands qui occupent les lieux, en 1941. Jean Rameau qui s'éteint l'année suivante, ne sera pas enterré dans la Gloriette qui devait être son tombeau, mais sous une dalle funéraire située au sud.
Bien qu'elle soit devenue "site classé et inscrit" du patrimone depuis le 11 juillet 1942, la Gloriette ne sera jamais remise en état et continuera lentement à se dégrader.
Un document rare : interview de Jean Rameau
Au milieu de la masse des attrape-gogos parés des vertus de trésors que propose le dédale d'internet, il est possible parfois de trouver une pépite rare.
Ce fut le cas avec cette petite bobine cinématograhique au format 9,5 mmm issue d'une des premières caméras "portables" Pathé Baby de 1922.
Retranscrite par un professionnel à un format aujourd'hui lisible, elle est certes d'une taille
bien petite (38"). Mais elle reste un des très rares documents qui nous montrent le poète orthois évoluer dans son décor familier du "Pourtaou".
De tous temps, Jean Rameau est passionné de photographie. Il va devenir un photographe inlassable et il effectue lui-même les tirages.
Se modèles sont souvent son entourage direct, comme ci-contre quand il photographie son fils dans le parc du Pourtaou, ou bien… lui-même comme ci-dessus, où, conscient de sa photogénie, il se met en scène à la fenêtre du Pourtaou (le tirage est signé JR et daté de 1913) !
… et photographié !
Rameau publié aussi aux Amériques
C'est juste avant que ne se déclenche la Grande Guerre, en mai 1914, que débute la publication d'un roman de Rameau paru en France plus de onze ans auparavant, "Le Roman de Marie", sous forme de feuilleton, dans les colonnes de "L'Abeille de la Nouvelle Orléans" aux États Unis.
Cette fiction, dans le style propre à Rameau "parisien-campagnard" fait évoluer ses protagonistes entre Sames, Peyrehorade, Bidache, Hastingues, Guiche et même Urt. Un périmètre que nous connaissons et que… Rameau connaissaiot aussi. Il y place donc des personnages dont le patronyme Couloumère est issu des Landes, certes, mais bien plus au Nord de notre département.
Ce sont donc des recherches généalogiques d'un descendant portant ce nom qui auront fait connaître ( et, pour une fois, internet joue pleinement son rôle de recoupement et de partage des informations ! ) cette seconde publication du Roman de Marie.
Il est intéressant aussi de voir que les pages de cette publication américaine en français sont truffées d'informations et de patronymes qui concernent notre région.
Aller voir"L'Abeille de la Nouvelle Orléans".
Jean RAMEAU et l'amitié
Rameau, Écologiste avant l'heure…
En 1887, Jean Rameau publie un conte étonnant intitulé "Un empoisonnement au XXIe siècle". La situation des Parisiens, voire de tous les Français ne faisait, écrit-il, qu’empirer depuis le milieu du XXe siècle.
Que l’on en juge : « En juin 2083, un homme meurt empoisonné d’avoir bu par mégarde de l’eau pure. Sa femme, veuve inconsolable, veut s’abreuver du même poison qu’on lui refuse. Elle s’en va alors en quête d’un ruisseau, d’une source. En vain. Mais le ciel a pitié d’elle. Elle rejoindra son époux, empoisonnée, elle, par une averse en rase campagne ! »
Autoportrait - 1932
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