es landes communales livrées à la vaine pâture sont le domaine exclusif des pâtres qui y règnent du haut de leurs échasses et s’opposent par l’incendie au développement spontané des pins et des chênes qui, en les mettant en valeur et en les assainissant feraient obstacle à cette domination sauvage.” C’est en ces termes accusateurs que Henri Crouzet, ingénieur du service ordinaire des Ponts et Chaussées de l’arrondissement de Dax définit les agissements des pasteurs de brebis. Dans un rapport adressé en 1855 à son supérieur hiérarchique et définissant son constat et sa vision pour “le devenir des landes pastorales”, il pointe les méfaits et l’action néfaste du feu sur le devenir de la forêt.
“Les landes communales livrées à la vaine pâture sont le domaine exclusif des pâtres qui y règnent du haut de leurs échasses et s’opposent par l’incendie au développement spontané des pins et des chênes qui, en les mettant en valeur et en les assainissant feraient obstacle à cette domination sauvage.
Ces incendies périodiques menacent constamment de gagner les forêts riveraines et il ne se passe pas d’année sans que le feu dévore de grandes étendues de pignadars.
Dans l’état actuel des choses, cette pratique des incendies est une menace perpétuelle suspendue sur la tête des propriétaires des forêts, et il est universellement reconnu qu’elle est une cause déplorable de dépréciation des propriétés.
Indépendamment des incendies partiels, le pays presque tout entier a été ravagé par les incendies généraux provenant de cette cause : les années 1755, 1803 et 1822 sont restées tristement célèbres dans les traditions locales.
Tout le Marensin a été, à ces époques, dévasté par le feu, et les personnes n’ont pu se soustraire aux flammes qu’en se transportant au milieu des landes ou dans le centre des champs labourés avoisinant les habitations.
Pendant des semaines entières, la population a bivouaqué dans les landes et dans les champs découverts : on a été obligé d’y transporter les récoltes, les effets mobiliers, les troupeaux, les berceaux des nouveaux-nés et d’y faire stationner les femmes, les vieillards, les enfants, tandis que les hommes valides s’exposaient aux plus grands dangers pour couper la marche de l’incendie.
L’Écobuage
La technique des bergers de la lande est très classique: ils pratiquent l’écobuage dit “à feu courant”
(l’avancée du feu est d’autant plus rapide que le vent est violent) qui permet une régénération de la végétation.
En 1739, si l’on en croit un rapport des plus explicites destiné à l’Intendant de Guyenne déposé aux Archives départementales de la Gironde, “les pasteurs mettent le feu aux landes pour faire venir de l’herbe”.
La responsabilité des charbonniers
Les bergers sont hâtivement considérés comme les seuls responsables des incendies. Il est vrai qu’ils sont parfois à l’origine des feux que ce soit par absence de contrôle de l’écobuage, soir par acte délibéré afin de s’opposer à la conquête de la lande pastorales au profit de la forestation à outrance en pins qui viennent empiéter sur le domaine herbeux propice à leur activité.
Mais les auteurs involontaires de ces incendies sembleraient être le plus souvent des charbonniers, ce qui répond à une logique certaine : leurs activités à risque ne peuvent avoir lieu qu’à proximité immédiate de la matière première indispensable à leur industrie : le pin.
Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, les charbonniers sont régulièrement dénoncés comme les responsables des feux dans les régions forestières du Marensin et du Born.
Les grands incendies
Au moment où Henri Crouzet établit son rapport, l’incendie de 1755, un siècle plus tôt, marque toujours les esprits.
C’est certainement à ce moment-là, le plus important de l’histoire de la forêt des landes de Gascogne.
L’ampleur de l’incendie est connue principalement à travers les correspondances de l’Intendant d’Étigny déposées aux Archives départementales du Gers.
Près de 50000 hectares de pins disparaissent dans les flammes ! Ce “prodigieux incendie” selon les témoignages recueillis par d’Étigny, couvrait “une étendue de dix lieues”. Dans un large périmètre, aucun pignada ne semble avoir été épargné par le feu, entraînant dans leur perte “maisons, moulins, ruches à miel et beaucoup de peuple qui a été surpris par le feu porté par un vent impétueux, et qui a péri dans les flammes sans pouvoir de garantir, parce qu’elles se communiquaient avec autant de vitesse qu’un cheval allant au grand galop.”
L’incendie de 1803 n’est pas moins dramatique : il aurait anéanti en une seul journée 700000 pieds de pins. Thore en dresse un tableau très contemporain :
“Ce fut le 23 août que le quartier de Pinsolle, ainsis que tous les pignadas qui bordent l’étang de Soustons jusqu’à Messages et à Azur, et ceux situés au sud du
même étang jusqu’à Labielle, maison située au quartier dit de la Montagne, dans la commune de Seignosse, furent entièrement ravagés par un incendie qui éclata dans le quartier même de Labielle,
sans que jamais on ait pu en connaître la cause. Les maisons rurales, les parcs et autres habitations, devinrent bientôt, avec tout ce qu’elles renfermaient, la proie des flammes. Rien ne put
leur échapper. Une grande partie du bétail, et même plusieurs personnes y périrent. Ce ne fut que le troisième jour que l’on parvint à arrêter la marche rapide de l’incendie.”
L’impact de l’incendie sur la lande
Les incendies de 1755 semblent avoir eu des conséquences sur la démographie de cette région. L’étude des populations du Marensin au XVIIIe siècle démontre une baisse sensible du nombre de foyers fiscaux entre les années 1700 et la décennie 1750-1760.
Ce déclin est confirmé par la chute du nombre de baptêmes, mariages et sépultures recensés par les registres paroissiaux.
La répétition des incendies de 1730 à 1755 incita les habitants victimes des flammes à quitter leurs villages de Castets, Saint Michel, linxe ou viell. D’Étigny remarquait qu’ils s’étainet “répandus dans les paroisses voisines pour y chercher de quoi vivre en travaillant.”
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