La Pêche & les Pêcheurs
a pêche fut, avec la cueillette et la chasse, une des premières méthodes alimentaires de l'homme. Les vestiges ichtyologiques les plus anciens datent de plus de 200 000 ans (jusqu'à 1,8 million d'années). On connaît, par des recherches archéologiques, le peuplement des cours d'eau, dès la préhistoire la plus reculée (Aurignacien et Magdalénien moyen). Elle se composait de 43,5% de salmonidés (truites et saumons), le reste étant partagé entre ombres, cyprinidés, brochets, perches, lottes, anguilles, aloses, etc. assez semblables à la répartition actuelle.
Le saumon représentait déjà le tiers des poissons consommés par nos ancêtres.
Près de chez nous, à Dax, lors des fouilles de l'ilôt central, des restes de poisson (identifié comme salmo salar, soit saumon atlantique) furent découverts en 1986, dans un dépôt votif antique dont la signification n'a pas été éclaircie. Pour la période magdalénienne en Pays Basque, des plies (notre "platuche"; en français, carrelet, du latin platessa ) sont figurées dans une gravure sur une pierre plate de la grotte d'Altxerri.
Aux sites de Duruthy et Dufaur, à Sorde, pas de culte du saumon, les archéologues penchant plutôt pour un culte équestre. Cependant, de nombreux vestiges alimentaires consistant en vertèbres de saumon, et outillage avec de nombreux harpons, identifiés comme provenant de l'époque magdalénienne, ainsi que des gravures sur os représentant des poissons. En plus du saumon, on trouve la représentation d'un brochet sur dent perforée formant une parure. on y trouve aussi la représentation d'un phoque. Et il semble bien qu'il ne s'agisse pas là d'une aberration, compte tenu de la proximité des Pyrénées et de l'époque.
En tous cas, c'est bien au magdalénien (notamment vers la fin de la période) que se précisent les techniques de pêche active ou passive. Cela en fait l'activité qui va fournir 5% de l'alimentation. À noter que nos ancêtres vont rapidement trouver la technique pour fumer le saumon, preuve d'un goût déjà très raffiné. Et, pour écailler le poisson et le découper, le silex fut un instrument indispensable. Les premiers racloirs d'usage général sont datés d'environ 35 000 ans. Mais depuis 900 000 ans, le saumon était consommé cru avant de découvrir les mérites des grillages.
Racloir en silex - Grotte Duruthy
Techniques de Pêche
On s'accorde à penser que le premier instrument de pêche fut la foëne, bannie désormais de l'équipement halieutique depuis le 22 décembre 1936 qui a interdit l'emploi du trident, de la foëne, du crampon nu, des hameçons à plus de deux branches, etc. Le harpon utilisé en tant que foëne pour les grosses proies, telles le saumon, mais considérées essentiellement comme un instrument de chasse aux animaux terrestres. Différents montages pouvaient le rendre propre à la pêche à la truite et même à l'anguille.
L'hameçon est déjà connu (en bois ou en os) monté sur ligne en fibre végétale lestée, monté en série. Il est toujours utilisé dans les Landes pour la pêche aux anguilles.
L'engouement pour l'hameçon courbe est décisif dans son fonctionnement, en bronze au néolithique, à base d'alliage de cuivre, puis de laiton… jusqu'à nos hameçons modernes d'alliages complexes à base de carbone.
Planche du XVIIIe siècle montrant différentes sortes d'hameçons et "les manières de les empiler"
Les barrages dont on trouve trace au mésolithique, soit deux mille ans plus tard, font aussi partie de l'arsenal utilisé pour la pêche.
Les filets, faits de fibres végétales ou de matières organiques (boyaux, tendons) montées sur navettes en bois ou os de renne. Abondent aussi dans la région, les pesons de filets en galets, utilisés dans des périodes indistinctes, y compris actuelle. L'épervier sophistiqué fera son apparition dès le néolithique, permettant une pêche systématique et organisée.
Enfin, seront aussi mises en œuvre les nasses en vannerie d'osier, ou par tressage de lin sauvage, puis à armature de bois d'œuvre.
Pêche au filet ( bas relief égyptien )
Les appâts (déchets de gibier) et les leurres viennent se rajouter à l'attente patiente en milieu libre quand on n'utilise pas l'empoisonnement massif.
À la Grenade !
En 1918, le Général Hallouin, Chef d'État Major de la 18e région militaire devra prendre des mesures contre les soldats qui ramenaient du Front des engins explosifs
pour pratiquer une pêche plus efficace: "Le Président du Conseil, Ministre de la Guerre est saisi de plaintes très vives contre les agissements de militaires qui, au
moyen de grenades ou autres explosifs rapportés clandestinement du Front, dévastent les cours d'eau.
Quelle que soit la difficulté de saisir les auteurs, il convient d'en poursuivre la répression de la manière la plus active et la plus rigoureuse […] outre que ces pratiques font courir aux
délinquants eux-mêmes des risques d'accidents graves, elles dépeuplent les rivières et anéantissent, sans profit pour personne le plus souvent, une richesse nationale qu'il est opportun non seulement
de conserver, mais d'accroître."
En 1936, on accusait encore les Peyrehoradais de braconner avec un explosif au carbure pour ramasser le poisson à l'épuisette.
Toutes les techniques de pêche que nous connaissons sont donc dessinées environ entre 13000 et 8000 ans avant notre ère, pour être sans cesse perfectionnées: entonnoirs néolithiques ou enfilades de piquets convergeant vers les nasses, baguettes de bois appointées, palissade à claire voie, de faible hauteur, dans une anse ou sur une plage pour piéger le poisson à marée descendante, poteaux et fascines installés en période de migrations. "Ces ouvrages appelés dans l'idiome du païs, mouscails furent pratiqués il y a plus de vingt cinq ans et lors de l'invention des barros, ils consistaient en hayes de frêles verges établies au fond de la rivière […]" Une première tentative de dénonciation en 1813 s'était soldée par un échec auprès du préfet Dangosse, mais une autre réussit avec Carrère en 1816.
Les Barrages vers 1812
à Sorde
"Les barrages sont des fascines faites de fagots d'épines, attachés à des pieux fichés transversalement dans la rivière afin de forcer le poisson qui remonte le courant à aller tomber dans les filets tendus aux bareaux et aux passe-lisse."
"[…] Composés de gros pieux et construits pour la pêche par les anciens Bénédictins du monastère de Sorde […] Il est certain que les pêcheurs profitent habilement de cette disposition des lieux, qu'ils en abusent même, soit en y amoncellant des graviers, soit en y attachant des fascines qu'ils savent adroitement dissimuler et même faire disparaître au besoin."
Les Chambes à Tocans en 1824 à Sorde
"[…] Placée ordinairement près des déversoirs des moulins [la chambre à tocans] est une une sorte de trébuchet construit plus bas que le lit du canal auquel elle est accotée pour en recevoir tout le poisson qui y est entraîné par la rapidité du courant. Sa forme est celle d'une baraque d'environ quatre mètres carrés, construite en planches, auxquelles on a donné à toutes les faces, des jours suffisans pour laisser échapper l'eau et retenir le poisson qui y entre au moyen d'une ouverture pratiquée à la partie appuyée au canal et à son niveau.
L'eau entrant par ce passage dans la chambre tombe d'une hauteur d'un mètre environ sur une espèce de plancher ( élevé à 4cm du sol) percé comme un crible et fait de manière à ne conserver que le tocan qui y demeure à sec."
Le tocan est le jeune saumon de dévalaison de moins d'un an capturé dans sa descente vers la mer qui devrait le voir grossir avant de revenir sur les frayères où lui-même est né et continuer le cycle.
Les Droits de Pêche
Au XVIIe siècle, le béarnais Pierre de Marca, à la longue carrière politique, nous donne sa vision de la vie des Gaves et de l'Adour : "[les eaux] sont poissonneuses et portent des truites et des brochets en assès grande abondance et des saumons qui pour la plus grande partie sont arrestés par le moyen des écluses ou paisselles à Peyrehorade, où se fait la grande pesche […] ceux-ci n'entrent point dans la rivière de Ladour qui est pesante et morne, non plus que les aloses ni les lamproyes qui montent dans Ladour, n'entrent point dans le Gave qui est violent et rapide."
Très vite les seigneurs (vicomtes et abbés de Sorde) accaparent les droits de pêche dans leur juridiction. Propriétaires des emplacements et des matériels, ils baillent à ferme l'exploitation de ces droits à des pêcheurs de métier, voire à des bourgeois qui rétribuent des pêcheurs.
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